jeudi 27 mars 2008

Ca bosse dur ! (part 1)


Depuis un mois maintenant, je suis en stage. C’est une petite structure, pour changer, et l’avantage majeur, que j’avais déjà pu remarquer, est que les liens se tissent bien plus vite. Je me suis donc très rapidement fait deux copines de mes collègues indiennes. Comme une fille reste une fille quelque soit le pays, on papote, on cancane, on parle mode et cheveux bref discussions basiques entre collègues de boulot.

Cependant, grâce à elles, j’en apprends plus sur l’Inde que depuis le début de mon séjour.

Pour commencer la série (elle risque d’être longue) je vais vous conter l’histoire de celle qu’on appellera « Caquette ».

Dès mon deuxième jour dans l’entreprise, elle m’annonçait, la voix emplie de fierté, l’œil brillant qu’elle était mariée, mais pas n’importe quel mariage : « a love marriage ».

Hier, alors que nous étions seules au bureau, elle m’a expliqué plus en détails.

Alors qu’elle flirtait depuis 8 mois avec un garçon en secret, son frère l’appelle quand elle était avec lui. C’était le jour de son anniversaire. Prise d’une soudaine bravoure elle lui raconte tout : le garçon, la liaison qui dure etc. Caquette n’est pas mariée et vient d’une famille de la classe moyenne originaire du Gujerat. Elle vit donc encore chez ses parents et, comme son père est mort, c’est le grand frère qui tient la maison. Après cet épisode téméraire, son frère la convie, accompagnée de son amourette au foyer familial. S’ensuivent donc les présentations officielles avec demande de mariage à l’appui. Un coup de tête me dit-elle, « c’est le destin ».

Une fois seule avec sa famille, son frère, marié d’un « love marriage » également, lui refuse solennellement cette union. Pour elle ce sera un mariage arrangé point barre. Pourtant il est d’une caste supérieure, il a un emploi, une bonne famille… Mais non il est Penjab et vit dans un quartier peu fréquentable à Bombay (attention on ne parle même pas d’un bidonville) et de toute façon la question ne se pose pas, son père aurait préféré un mariage arrangé, ce sera donc un mariage arrangé ! Mais Caquette ne l’entend pas de cette oreille, c’est lui elle le sent, de plus, comme elle, il est mangalic (astrologie) et elle arrive dans la période où les étoiles avaient prédit son mariage. A eux deux, ils organisent toute la procédure du mariage (rôle supposé des parents) : réservation de la salle, traiteur, achat du sari et surtout trouver un toit où ils habiteront après leur mariage. Seule la mère de Caquette la soutient dans cette entreprise, son frère l’a annoncé, il ne viendra pas au mariage et donc le reste de la famille non plus. C’est donc dans un stress permanent qu’ils envoient les invitations, réservent la salle et préparent la cérémonie. 4 jours avant le mariage, ils trouvent enfin un appartement correct, dans un quartier acceptable à un loyer abordable. La veille du mariage, le frère annonce qu’il viendra. D’après Caquette, plus pour faire bonne figure auprès des voisins que pour elle. La belle-famille viendra elle aussi mais avec de menus présents. Le mariage de Caquette n’a pas été le plus beau jour de sa vie, mais maintenant quand elle a l’occasion de raconter son histoire, elle est fière d’avoir été jusqu’au bout. On sent bien qu’elle reste quelque peu traumatisée et que jamais elle ne pardonnera à son frère ou à sa belle-famille. Pas facile d’être amoureuse en Inde…

Et le comble de cette histoire, c’est que Caquette a rencontré son mari par … un site de rencontre ! Quand on vous dit que l’Inde est un pays entre modernité et tradition…

2 commentaires:

uneblondeabombay a dit…

Le coup de la rencontre via le site de rencontres c'est quand même énorme...tu avais omis cet aspect là tout à l'heure!

Anonyme a dit…

Hello Agathe,

Je suis un pote de Djoh à Pune, malheureusement il vient de partir, et je ne sais pas comment te contacter... Ma soeur est arrivée à pune et va passer 3 jours toute seule à Bombay. Je voulais savoir si tu avais des conseils... Merci !!